Nous arrivons à Sauraha début mars 2015 et trouvons beaucoup de changements depuis notre dernier séjour.
En ce qui concerne la fratrie des enfants vivant seuls, à côté de la famille de leur oncle Rana, nous constatons que l’aînée, Laximi (17 ans), s’est mariée et vit maintenant avec son mari dans un village à une soixantaine de km de Sauraha. Nous ne la verrons pas pendant notre séjour. Il reste donc à la maison : Bhagbati (16 ans), Saraswati (13 ans), Omkar (10 ans) et Parboti (6 ans).
Tout le monde va bien dans l’ensemble, malgré la solitude et le fait que la petite dernière « décroche » très vite dans la relation. Elle a le regard fixe et vide, il faut la solliciter en permanence pour entrer en relation avec elle. Elle s’accroche beaucoup à sa grande sœur et semble en grande demande affective, ce qui peut se comprendre à la vue des disparitions soudaines et successives dans la famille : père décédé, mère partie, sœur mariée.
Nous trouvons également une situation conflictuelle entre l’oncle des enfants, Rana, et l’association hollandaise Angel qui a reconstruit leur maison. Ils sont devenus des enjeux trop importants entre les adultes. En discutant avec les uns les autres, puis tous ensemble, nous avons dégagé les enfants de cette situation en repositionnant le rôle de chacun :
– Rana et sa famille restent les référents et les porteurs de l’autorité et de la responsabilité familiales.
– L’association Angel prend en charge le quotidien des enfants (nourriture, vêtements…)
– Nous, nous assumons les dépenses d’électricité, la scolarité de deux des enfants dans une école privée et les soins médicaux pour tous.
En ce qui concerne nos petits orphelins qui vivaient avec Santa et sa maman, nous ne les retrouvons pas à notre arrivée. Où sont-ils ? Il nous faudra pas mal de temps, de palabres et de démarches pour les retrouver dans les orphelinats où ils ont été placés par le gouvernement, Santa n’ayant pas obtenu son agrément pour réouvrir.
– Les 2 filles Susmita et Sarah (13 et 12 ans) sont ensemble dans un orphelinat de la ville voisine.
– Dolmaya, l’ainée (14 ans), est retournée vivre avec sa famille (grand père, petite soeur et tantes), également dans la ville voisine.
– Issak (14 ans) est dans un orphelinat à une trentaine de km.
– Bissal (13 ans) est le plus éloigné, 70 km, son orphelinat se trouvant proche du village où vivent encore ses grands-parents et son petit frère.
– Enfin, Sabina est dans un orhelinat à 40 km.
Une fois tout ce petit monde retrouvé, il nous a fallu arriver à les réunir. Personne ne leur avait donné des nouvelles les uns des autres, ni dit où chacun avait été placé, alors qu’ils vivaient ensemble depuis des années. Nous sommes arrivés à aller tous les voir dans leurs orphelinats respectifs, à les gâter (vêtements, jouets, douceurs…) et à les réunir 2 fois presque en totalité, Bissal étant trop éloigné pour se joindre à nous. Ce furent des moments très émouvants de retrouvailles, de joie partagée, de discussions entre eux à bâtons rompus, de partage de photos…
Chaque enfant nous a exprimé très clairement, sauf la petite dernière, son désir de rester vivre là où il est, et son souhait de ne pas retourner chez Santa. Après des entrevues avec chaque responsable des orphelinats, nous avons pris la décision d’ouvrir un compte bancaire à chaque enfant pour l’année prochaine, afin de leur verser régulièrement de l’argent pour assurer leur l’avenir. Nous financerons leur scolarité et nous aiderons aussi les orphelinats où ils sont (achat de matériel, aménagement intérieur…), ceux-ci ne recevant aucune aide du gouvernement et ne vivant que de dons.
D’autre part, nous avons comme à notre habitude continué à aider d’autres familles : celles de Puja, Rana, Damber, Santa, toujours dans les mêmes domaines : maison, soins, scolarité, nourriture, vêtement, tout en gardant à l’esprit de les amener à réfléchir sur leur autonomie.
Ce fut un voyage bien rempli avec comme toujours son lot de difficultés, mais aussi de grands moments de partage et de joie avec tous. Un grand merci aux amis précieux et généreux qui nous ont accompagnés dans ce périple.
Et puis…
ce tremblement de terre qui arrive une semaine après notre retour. Les enfants n’ont pas eu à en souffrir car il n’y a pas eu de dégâts dans le sud. Par contre, beaucoup de nos amis avec qui nous avons parcouru de nombreux sentiers de trek, et en particulier ceux de Laprak, ont été durement touchés et sont dans une grande peine. Nous nous sentons complètement solidaire tout en réalisant combien la vie est précieuse, qu’elle soit ici ou ailleurs.
Merci à tous de votre soutien.
Patrick et Sylvie.